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Le récit de vie de Babich annule donc la faille " littéraire " qui sépare " l'être-pour-soi " de " lêtre-pour-autrui. " Qui écrit et qui est écrit ? Cette double question n'a plus de sens pour celui qui fait de l'acte d'écrire un combat pour se libérer du moi. Dans la lignée des Kerouac, Snyder et Ginsberg, l'influence de la pensée " orientale " transparaît dans cette pratique non-fictionnelle et contre-culturelle de l'écriture. Pour Babich tout est parti de l'Amérique : c'est là-bas qu'il est entré en écriture et là-bas que son enfant est venu au monde. Bien sûr, l'Amérique de Dragan Babich n'a rien à voir avec celle de Georges Bush, elle est " celle des rebelles et des non-conventionnels, des hommes qui ont ouvert une autre voie ", cette horde des Beats, béatifiques et clochards célestes qui, refusant l'aliénation spirituelle des sociétés modernes, ont voulu vivre en écrivant, voyager en se lançant sur des routes ouvertes par Henry Thoreau et Walt Whitman.
Avant d'écrire Bande à part, Babich aurait pu dire comme Kerouac : " I am a loner. " En effet, avant qu'il ne devienne un " nous ", il n'était lui aussi un " je " solitaire. Nous le voyons bien dan La Cité des barbares , son précédent récit, tandis qu'il erre interminablement dans Brooklyn, dans " cette randonnée nocturne qui m'offre un aperçu de notre futur à tous ". Dans Drôle de drame, Roger Vaillant affirme qu'il y a dans certaines villes un trou, une pente où il suffit de se laisser glisser pour y trouver ses frères en solitude ; ce trou-là, Babich l'a découvert dans New York, " la Babylone du Monde, la Métroplois du Présent Futur, le monstre inégalé dans sa cruauté ". Pourquoi cette solitude du moi déclanche-t-elle ce désir d'écrire ? Pourquoi se raconter ? Jack Kerouac disait n'écrire que pour se lire. Chez Babich, la quête de l'écriture se confond avec la recherche existentielle de sa fille, Maya, dont il a été séparé durant treize ans par " la volonté mesquine et perverse " de la mère.


La Tendresse du Rebelle, par Alain Santacreu,
Numéro 11 de Contrelittérature , (extrait)
.

Aucun mots vains chez l'écrivain, tous utiles et provocant des réactions en chaînes, des phénomènes inconnus pour des lecteurs non-avartis. Dès la première page tournée, on pénètre dans le monde de l'auteur, entièrement, sans compromis et où toute tentative de résistance serait inutile et imbécillité sans nom. Son univers est celui que l'on a tous un jour envié, celui où l'espace et le temps n'ont plus leur place et seule reste la possibilité de trouver sa place dans l'espace sans se soucier du temps qui passe. Dragan Babich possède ce don improbable d'arriver à faire partager par sa plume la vie et les émotions, toutes les émotions. Il ne secoue pas le lecteur mais l'aspire avec aisance dans son œuvre. Alors les rythmes cardiaques s'accordent et battent en cœur, pas de larsen mais une véritable fusion et une symphonie déjantée ou sensible entre la vie qui lit et celle qui l'a écrit. L'auteur ne raconte pas ses histoires, il les fait ressentir, il n'expose mais explose les sensations sous ses mots tantôt crus, tantôt tendres mais toujours témoins d'une réalité dont il a été témoin. En une seule phrase, plus rien n'existe, reste au lecteur pour seule accroche le cosmos exempt temporellement de l'écrivain. Son monde dévoile à l'individu la véritable essence de son existence dans cette société dans laquelle il dit " vivre ". Une fois ces repères normés oubliés, tout est alors incontrôlable et prend, contre toute attente, des formes fluctuantes, colorées, rythmées. On ne lit pas Dragan Babich, on le vit !

La cité des barbares est le récit, la vie de l'auteur dans une ville qu'il aime. " C'est la ville où j'aime être, j'aime, car partout où la mort déborde, la vie fait de même. " Quelle est-elle ? Il s'agit de New York, métropole des extrêmes, de l'intensité et de l'urgence. C'est dans cette cité où l'on lutte chaque jour, car chaque aube est une nouvelle mise en danger et chaque aurore une autre guerre pour la survie dans ce milieu hostile, que Dragan Babich écrit, vit, déambule, contemple tous ces gens qui luttent aussi. L'auteur n'évite rien : drogue, sexe, violence...
"...Il avale jusqu'à overdose cette énergie provoquée par New York, ce flux créatif et vital que l'on ne trouve nul part ailleurs..."
"...On ne sort pas indemne de la lecture de La cité des barbares, on respire plus difficilement, mais mieux ? La sérénité trouvée à bout de souffle exulte le lecteur qui comprend enfin ce que le mot " vie " peut véritablement signifier."

Au bord de l'été est un recueil de 17 nouvelles, 17 textes dont le seul point d'ancrage est le refus de ceux qui vivent ces histoires à se conformer aux normes sociétales et qui ont rompu avec cette société. Chaque nouvelle est une étape, une expérience différente, décalée, hors du temps et de la bienséance. La femme, omniprésente dans les écrits de l'auteur y tient à nouveau la place belle, celle du libertinage, de la beauté, de corps décrits avec sensualité. On vit avec l'écrivain des corps à corps qui sous une autre plume sembleraient déplacés, mais sous les pages qui défilent, ces femmes sont belles qu'elles soient épouses ou catins et que leur beauté soit subjective ou éclatante. Bien loin du speed de New York, l'écriture de l'auteur se pose ici gracieusement, avec volupté et douceur.

 

L'écriture de Dragan Babich n'est en dessous de rien mais bien au-dessus de tout. Il touche de plein fouet ce que peu d'écrivains de sa génération ont fait, sinon aucun : la vie, il la met en scène en posant sa prose. Rien de ce que je viens de dire n'est métaphorique. Lire Babich c'est se " condamner " à vivre, à ressentir, à se prendre dans la gueule toutes sortes d'émotions des plus belles aux plus morbides. Attraper au vol des sensations antagonistes qui vous donnent des hauts de cœur, des palpitations, qui font que la respiration s'accélère page après page ou que le désir monte en nous comme il se couche sur le papier.

No time for no limits, par Caroline Lhonneux.
E Novateur ,(extraits).

Bande à part rayonne de bonheur à chaque page. C'est un hymne à la vie, à l'amour, à la liberté, ainsi qu'à ces petits riens de tous les jours, comme les plaisirs de la campagne, le regard d'un enfant.

Emmanuelle, Dragan et son fils Marc avancent dans la vie par petits sauts. Les scènes défilent superbes et profondes : les promenades en forêt, les rires, les jeux. Cette bande à part vibre, vit et s'aime. Nous suivons avec Marc, cette quête initiatique faite d'impasses oniriques et d'envolées réelles, ce grand voyage en marge du temps présent. Marc découvrira la vie loin de cette société du vide et de l'emballage. L'auteur nous fait partager la complicité avec son fils. Le foot fait parti de leur rituel. Ce jeu banal pour certains est une véritable initiation pour le petit. A travers ce sport, sa personnalité débordante de gaieté et d'énergie s'affirmera au fil des années.

Cet écrivain passionné nous entraîne " loin de leur société du code barre " mais cela ne l'empêche pas de se révolter contre la médiocrité ambiante qui perdure dans la société française.

par Fabrice Trochet, Le grain de sable (extrait).