Aucun mots
vains chez l'écrivain, tous utiles et provocant des réactions
en chaînes, des phénomènes inconnus pour des
lecteurs non-avartis. Dès la première page tournée,
on pénètre dans le monde de l'auteur, entièrement,
sans compromis et où toute tentative de résistance
serait inutile et imbécillité sans nom. Son univers
est celui que l'on a tous un jour envié, celui où
l'espace et le temps n'ont plus leur place et seule reste la possibilité
de trouver sa place dans l'espace sans se soucier du temps qui
passe. Dragan Babich possède ce don improbable d'arriver
à faire partager par sa plume la vie et les émotions,
toutes les émotions. Il ne secoue pas le lecteur mais l'aspire
avec aisance dans son œuvre. Alors les rythmes cardiaques s'accordent
et battent en cœur, pas de larsen mais une véritable fusion
et une symphonie déjantée ou sensible entre la vie
qui lit et celle qui l'a écrit. L'auteur ne raconte pas
ses histoires, il les fait ressentir, il n'expose mais explose
les sensations sous ses mots tantôt crus, tantôt tendres
mais toujours témoins d'une réalité dont
il a été témoin. En une seule phrase, plus
rien n'existe, reste au lecteur pour seule accroche le cosmos
exempt temporellement de l'écrivain. Son monde dévoile
à l'individu la véritable essence de son existence
dans cette société dans laquelle il dit " vivre
". Une fois ces repères normés oubliés, tout
est alors incontrôlable et prend, contre toute attente, des
formes fluctuantes, colorées, rythmées. On ne lit pas
Dragan Babich, on le vit !
La cité
des barbares est le récit, la vie de l'auteur dans
une ville qu'il aime. " C'est la ville où j'aime être,
j'aime, car partout où la mort déborde, la vie fait
de même. " Quelle est-elle ? Il s'agit de New York, métropole
des extrêmes, de l'intensité et de l'urgence. C'est
dans cette cité où l'on lutte chaque jour, car chaque
aube est une nouvelle mise en danger et chaque aurore une autre
guerre pour la survie dans ce milieu hostile, que Dragan Babich
écrit, vit, déambule, contemple tous ces gens qui
luttent aussi. L'auteur n'évite rien : drogue, sexe, violence...
"...Il avale jusqu'à overdose cette énergie provoquée
par New York, ce flux créatif et vital que l'on ne trouve
nul part ailleurs..."
"...On ne sort pas indemne de la lecture de La cité
des barbares, on respire plus difficilement, mais mieux ?
La sérénité trouvée à bout
de souffle exulte le lecteur qui comprend enfin ce que le mot
" vie " peut véritablement signifier."
Au bord
de l'été est un recueil de 17 nouvelles, 17
textes dont le seul point d'ancrage est le refus de ceux qui vivent
ces histoires à se conformer aux normes sociétales
et qui ont rompu avec cette société. Chaque nouvelle
est une étape, une expérience différente,
décalée, hors du temps et de la bienséance. La
femme, omniprésente dans les écrits de l'auteur y tient
à nouveau la place belle, celle du libertinage, de la beauté,
de corps décrits avec sensualité. On vit avec l'écrivain
des corps à corps qui sous une autre plume sembleraient
déplacés, mais sous les pages qui défilent,
ces femmes sont belles qu'elles soient épouses ou catins
et que leur beauté soit subjective ou éclatante.
Bien loin du speed de New York, l'écriture de l'auteur
se pose ici gracieusement, avec volupté et douceur.
L'écriture
de Dragan Babich n'est en dessous de rien mais bien au-dessus
de tout. Il touche de plein fouet ce que peu d'écrivains
de sa génération ont fait, sinon aucun : la vie,
il la met en scène en posant sa prose. Rien de ce que je
viens de dire n'est métaphorique. Lire Babich c'est se
" condamner " à vivre, à ressentir, à se
prendre dans la gueule toutes sortes d'émotions des plus
belles aux plus morbides. Attraper au vol des sensations antagonistes
qui vous donnent des hauts de cœur, des palpitations, qui font
que la respiration s'accélère page après page
ou que le désir monte en nous comme il se couche sur le
papier.
No time for no limits, par Caroline Lhonneux.
E Novateur ,(extraits).